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Quand le mariage devient un luxe en Tunisie...

La famille tunisienne, longtemps considérée comme le cœur battant de la société, est désormais en pleine mutation, oscillant entre un modèle classique et un autre moderne. Les mariages se font attendre, les naissances se raréfient, le célibat progresse… Le dernier recensement national a mis à nu une réalité sociale de plus en plus visible, mais encore trop peu discutée.

Autant de chiffres qui traduisent un changement profond dans les trajectoires de vie des jeunes Tunisiens. Derrière ces données, c’est une génération entière qui doute, hésite et reporte. Faute de stabilité économique, d’opportunités professionnelles et de perspectives d’avenir, les jeunes renoncent — parfois malgré eux — à fonder un foyer.

Le mariage, autrefois étape incontournable de l’âge adulte, semble aujourd’hui hors de portée pour beaucoup. Entre crise économique, chômage et coût élevé de la vie, une question s’impose : Et si le mariage était devenu un luxe en Tunisie ?

Des chiffres révélateurs 

Selon la sociologue Fathia Saidi, le nombre de familles a diminué de 3,45 % : Le taux de fécondité est désormais estimé à 1,7 enfant par femme, contre 2,5 il y a quelques années — un niveau bien en dessous du seuil de renouvellement des générations. Ces chiffres sont jugés alarmants par la spécialiste.


Selon Mohamed Ali Ben Zina, professeur en démographie sociale, l’actuel taux de fécondité traduit un manque de renouvellement des générations. Il souligne que le dernier recensement révèle l’absence d’une volonté claire de repenser les comportements reproductifs en Tunisie, dans un contexte marqué par la baisse du nombre de mariages et de naissances, la hausse du coût de la vie et la succession de crises sanitaires.

Familles en mutation : Mariage tardif et enfants rares 
Les jeunes Tunisiens, bien que socialement attachés à la valeur de la famille, n'ont plus les moyens suffisants pour pouvoir se marier. Avec un taux de chômage avoisinant les 16 %, des emplois précaires ou mal rémunérés et des études longues sans débouchés immédiats, le mariage est souvent repoussé, voire abandonné.

Dans ce contexte, Fathia Saidi évoque une oscillation entre société traditionnelle et celle moderne, qui laisse les jeunes tiraillés entre les attentes sociales et la réalité économique.

Selon elle, la famille tunisienne est à la croisée des chemins essayant de respecter le modèle classique hérité du passé tout en l'adaptant aux nouveaux modes de vie
Toujours selon la sociologue, le coût du mariage, perçu comme exorbitant, pousse de nombreux couples à renoncer ou à limiter le nombre d’enfants à un ou deux maximum.

 Ces transformations profondes soulèvent une question essentielle : comment les politiques publiques peuvent-elles s’adapter pour accompagner la jeunesse tunisienne ? Comment peut-on répondre aux besoins de ces derniers sans pour autant sacrifier les aspirations individuelles, la liberté de choix et les évolutions sociales modernes ?

Lâameri Dorsaf